• Pari bleu nuit


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  • (Walter Benjamin photographié par Germaine Krull, Paris 1926)

    On parle de Walter B. ici et , et encore ici et  et ailleurs, et dans plusieurs autres petits recoins de notre passage. Quant à Germaine Krull, on avait utilisé une de ses photos ici et deux autres .

     

     


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  • Triptyque

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Pierrot né en Bohème

     


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  • (Nouvelle écrite par Chantal Montellier, publiée dans le numéro de septembre 2012 de La Revue du Projet)

     

    TGV EXPRESS Paris-Lyon, 6 mai 2013. Une plasticienne sexagénaire, cherche sa place dans ce train bondé. Tous ces voyageurs inquiets, nerveux... Ça ressemble à une sorte d’exode. Mais un exode sans panique, presque cool. Tous font semblant d’être calmes, détendus, souriants comme s’ils partaient en week-end, en vacances... mais en réalité !

    En réalité, c’est l’angoisse. La grande. Celle qui serre le coeur, noue les tripes, donne la nausée, fait vaciller...
    Judith se sent comme un déserteur, une fuyarde. Elle fuit la vie dans la capitale, devenue impossible. Trop chère, trop dure, trop dégradée...
    Le quartier de l’artiste, dans le 18e, est devenu en quelques mois une sorte de Bowery, cette partie du sud de Manhattan, qui fut le symbole de la Grande Dépression économique des années 30.

    De plus en plus de Parisiens, de tous milieux, mangent désormais, comme aux États-Unis, grâce à ce qu’on appelle des  food’s tickets. Food’s tickets ! Comme si les mots "tickets de nourriture" étaient trop difficiles à prononcer. Américanisés jusque dans la récession, la dégringolade. Après le "rêve américain" le cauchemar ! Le Soleil vire au Vert ici aussi.
     
    ***

    Flamby, le président des bobos, élu en mai 2012 n’a rien pu faire contre le monde de la finance. Même pas deux ans de résistance  pour l’honneur, comme un Mitterrand. "La gauche a été au gouvernement pendant 15 ans et nous avons ouvert les marchés à la finance et aux privatisations, libéralisé l’économie, il n’y a  rien à craindre !" avait-il déclaré à la presse anglo-saxonne au début de sa campagne.

    Même si les illusions étaient petites, la déception est grande et a évolué très vite en dépression pour les uns, en révolte pour les autres.
     
    Sur la plate-forme du train prêt à partir, Judith échange quelques mots avec une amie, via son téléphone portable :
    "Oui, oui, Val, ça y est, je m’en vais. Je quitte Paris. Je n’en peux plus. Mon quartier est devenu invivable. Comme il y a pas mal de gens de couleur, les racistes de Le Pen s’en donnent à cœur joie... J’ai pris des coups plusieurs fois en tentant de m’interposer... Ils s’en prennent même aux enfants... Je ne tiens plus ! Je vais dans le Forez, chez un ami qui va m’héberger quelque temps... Je te donnerai son mel. Bises... Oui, à toi aussi ! Bon courage."
    "Tout ça est dément, songe-t-elle... ce train de l’angoisse, de la fuite, et moi là-dedans avec ma valise, mon ordinateur portable et mon chat assommé par les tranquillisants."
     
    ***

    Sur les sièges en face de la plasticienne, deux hommes de sa génération, d’apparence prospère, style profs du supérieur à la retraite, un chauve portant des lunettes à monture d’acier, et un bronzé ventripotent.
    "Figure-toi Christian, soupire le chauve, que j’ai une polyarthrite
    — Aïe ! Moi c’est les dents... Aaargh ! Ce n’est qu’un début la déglingue continue. Enfin, on en a bien profité quand même !!!"

    "Et après vous, les mouches", pense Judith.

    À sa droite, près de la fenêtre, une jolie jeune fille, aux cheveux bruns et bouclés, très sexy. Écouteurs sur les oreilles, elle est plongée dans un vieux polar des années 80 : C’est toujours les autres qui meurent de Jean-François Vilar. Judith se souvient de ce livre qui se situe dans le Paris de 1981, peu après l'élection de l’homme à la rose et aux dents limées. Le narrateur, Victor Blainville, gauchiste tendance Trotsky, aime photographier les passages parisiens. Un jour, il tombe en arrêt, passage du Caire, devant ce qu'il prend d'abord pour un mannequin installé dans la position – obscène – de la dernière œuvre de Marcel Duchamp, Étant donnés...  En regardant mieux, il se rend compte qu'il s’agit d'une vraie femme en chair et en os, et qu’elle est morte, assassinée.
     
    Début 80, un peu moins pauvre qu’aujourd’hui, elle avait un atelier près de la Bastille. Jean-François n’habitait pas loin et ils se croisaient souvent chez une libraire et dans des vernissages. Ils avaient sympathisé et déjeunaient parfois ensemble, de préférence autour d’un plateau de fruits de mer. Entre deux huîtres ils parlaient des peintres surréalistes. Judith aimait surtout la mexicaine Frida Khalo et soutenait que les femmes de cette mouvance étaient de bien meilleures artistes, plus inspirées et plus originales, que les hommes. Féminisme outrancier ? Non ! conviction sincère. Vilar, lui, ne jurait que par Marcel Duchamp.

    À quelques décennies de distance, dans ce train de la survie, Judith Alessandrini s’interroge sur ce livre du passé : Pourquoi ce choix de Etant donnés... ?
    Une "oeuvre" de ce Duchamp qu’elle n’a jamais comprise et qu’elle trouve obscène. Elle l’avait avoué à Jean-François : "Étant donnés... On y est condamné au voyeurisme, car on ne voit rien d’autre qu'un sexe de femme, un con, celui de la femme mise à nu.
    Ton Duchamp fait de nous des voyeurs".
    Vilar, pas complexé, avouait qu’il en était un.
     
    "La femme mise à nue..." Mais, ne sommes-nous pas toutes des "femmes mises à nues... ? Ne l’ai-je pas été moi même trop souvent ?" se demandait Judith, les yeux posés sur la jeune fille brune aux cheveux bouclés. Elle songe à 68 qui a commencé par une révolte d’étudiants pour pouvoir "jouir sans entrave" et s’est terminé par les aventures sexuelles d’un "babouin" présidentiable, DSK.

    Les hommes prospères, eux, n’ont d’yeux que pour la jolie lectrice de JFV. Ils la bouffent littéralement des yeux, ils en bavent malgré leur âge avancé (ou est-ce à cause de lui ?). Quand par hasard leur regard se pose sur Judith, c’est avec la plus totale indifférence. Il faut dire qu’elle a passé l’âge d’être consommée. "Je ne suis donc plus une proie, en principe, songe-t-elle. C’est toujours ça..."

    Quittant un instant la désirable beauté brune du regard, le prénommé Christian explique : "J’ai acheté une maison dans la Haute-Loire. Avec Chouchou on va y faire un jardin potager et élever des poules, quelques moutons. Faut organiser la survie, sauver ses fesses. Paris n’est plus sûr, même dans les beaux quartiers."

    Le chauve, prénommé Édouard, approuve : "C’est vrai. Paris n’est plus sûr... Le cerveau reptilien est de retour partout !"

    "Pourquoi ? Il était parti ?" se demande Judith.
    "Ouais ! Ça griffe, ça mord, ça saigne... approuve Christian.
    — L’effondrement s’accélère et le tour de la France arrive. Ça devient vraiment sérieux. Il commence à y avoir des problèmes de bouffe... Je vais retirer mon épargne de la banque avant qu’elle soit vampirisée.
    — Si tu veux mon avis, y’a qu’une seule chose à faire : se ré-en-raciner. Avoir une Base autonome durable, une BAD... reconstruire de l’autonomie. J’ai aussi acheté des armes et je m’entraîne. Ça énerve Chouchou, mais c’est pour son bien et celui des enfants. Notre bien à tous.
    J’apprends la menuiserie, la plomberie. La semaine dernière j’ai même fabriqué des latrines... Chouchou, elle, fait des conserves... On a des copains avec nous, on est un groupe de sept...
    Et toi ?  Tu t’organises ?
    — Moi ? Je pars vivre au Brésil avec Carlotta. La qualité de vie est bien meilleure qu’ici et puis c’est son pays d’origine, il lui manque. On a acheté un ranch sur la côte du nord-est de São Paulo. On a vue sur la mer, chutes d’eau et piscine en même temps. Le paradis. On a aussi des pâturages avec du bétail. C’est un couple de fermiers qui s’en occupent.
    — Pas mal ! La France va pas te manquer ?
    — Les aéroports fonctionnent encore.
    — Certes... Mais ça coûte des ronds.
    — On en a. J’ai épousé une femme riche, camarade ! Laide, mais riche !
    — On peut pas tout avoir ! Quand tu penses qu’en 70, on était marxistes ! (rires)
    — Il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais.
    — Alors on doit être très très intel... !"

    Christian ne put jamais finir sa phrase. Une bombe posée sur la voie par des "terroristes"  expédia le train et tous ses passagers dans le décor.
    Le chat fut sauf et retrouva instincts et liberté.

     


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  • MicrographiesMicrographiesMicrographiesMicrographies

    Micrographies

     


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  • "Les oeuvres achevées ont pour les grands hommes moins de poids que ces fragments sur lesquels leur travail dure toute la vie. Car seul un homme plus faible, plus distrait, peut prendre un plaisir incomparable à conclure et ainsi se sentir à nouveau rendu à sa vie. Pour le génie toute espèce de césure, les coups du destin comme la douceur du sommeil, tombe dans le labeur assidu de son atelier même. Et c'est l'emprise magique de celui-ci qu'il définit dans le fragment. "Le génie est un labeur assidu"." ( Horloge, dans Sens Unique)

     


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  • Un article d'Alain Brossat, réflexions sur l'exil, la frontière, à travers la mort de Walter Benjamin. Réflexions proches de la pensée de Giorgio Agamben qui, par ailleurs, avait redécouvert le fond Benjamin qu'avait legué Bataille à la BN.

    Et un extrait d'un film de David Mauas, sorte d'enquète sur les traces et souvenirs laissés par la mort de WB dans le village de Port-Bou :

     

     


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  • Dans Bastille Tango, Victor tient la chronique de la destruction partielle de la place de la Bastille : l'embarcadère de l'ancienne gare, la brasserie La Tour d'Argent, l'armurerie Guyot... le cinéma Paramount : "C'était un cinéma sans attrait particulier malgré son péristyle en demi-cercle, sa colonnade de façade. Il était beau comme un cinéma de quartier, voilà tout. Mon quartier d'enfance." Le cinéma s'appelait alors le Lux.

    Un dimanche, Victor partage une bouteille de mauvais vin et quelques souvenirs avec Ida, la clocharde : "Elle était ouvreuse du temps où j'allais au ciné, le jeudi, avec le patronage". "Tout s'était déglingué pour elle le jour où le Lux était devenu le Paramount. On lui avait bien proposé de la réembaucher mais ça n'allait pas bien dans sa vie à ce moment-là (...)".

    C'est devant le Lux que Victor avait pris le départ de sa première manif, avec son père, le 8 février 1962.

    En janvier 1985, son ami argentin Julio est projectionniste au Paramount au moment de la fermeture définitive du cinéma. Le mois suivant, le cinéma disparait, et Julio aussi...

    (Cinéma Lux-Bastille et gare de la Bastille, photo d'André Zucca, 1942)

     


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  • C'était avant le compact-disc. Avant le mp3. On écoutait la musique sur des bandes magnétiques sous forme de mini-cassettes (10 sur 6,5 cm, à peine 1 cm d'épaisseur). On les avait souvent enregistrées soi-même. Et puis il y avait les disques, en vinyl noir, 30 cm de diamètre, dans une pochette de carton.

    Dans les romans de JFV, Victor entend beaucoup de musique dans les cafés, dans les juke-boxes ou à la radio. Mais parfois, chez lui, il met une cassette dans le magnétophone, ou un disque sur la platine. Dans Les Exagérés, il sort de sa discothèque le dernier des Rita Mitsouko. Dont voici la pochette (31 x 31 cm) :

    Vinyl

     A moins qu'il ne possède que le 45 tours (18 x 18 cm) ?

    Vinyl

     


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  • Te recuerdo Amanda
    (chanson du poète chilien Victor Jara,
    né le 28 septembre 1932,
    torturé et assassiné le 16 septembre 1973)

    Te recuerdo Amanda
    la calle mojada
    corriendo a la fábrica
    donde trabajaba Manuel.
    La sonrisa ancha
    la lluvia en el pelo
    no importaba nada
    ibas a encontrarte con él,
    con él, con él, con él, con él.
    Son cinco minutos,
    la vida es eterna
    en cinco minutos.
    Suena la sirena
    de vuelta al trabajo,
    y tu caminando
    lo iluminas todo
    los cinco minutos
    te hacen florecer.

    Te recuerdo Amanda
    la calle mojada
    corriendo a la fábrica
    donde trabajaba Manuel.
    La sonrisa ancha
    la lluvia en el pelo
    no importaba nada
    ibas a encontrarte con él,
    con él, con él, con él, con él
    que partió a la sierra
    que nunca hizó daño
    que partió a la sierra
    y en cinco minutos
    quedó destrozado.
    Suena la sirena
    de vuelta al trabajo,
    muchos no volvieron
    tampoco Manuel.

    Te recuerdo Amanda
    la calle mojada
    corriendo a la fábrica
    donde trabajaba Manuel.

     

         Proposition de traduction :

    Je me rappelle de toi Amanda
    la rue mouillée
    courant à l'usine
    où travaillait Manuel.
    Le sourire large 
    la pluie dans les cheveux
    rien n'avait d'importance
    tu allais au rendez-vous avec lui,
    avec lui, avec lui, avec lui, avec lui.
    Ce sont cinq minutes,
    la vie est éternelle
    en cinq minutes.
    Sonne la sirène
    de la reprise du travail,
    et toi en cheminant 
    tu t'illumines toute entière
    les cinq minutes
    te font fleurir.

    Je me rappelle de toi Amanda
    la rue mouillée
    courant à l'usine
    où travaillait Manuel.
    Le sourire large 
    la pluie dans les cheveux
    rien n'avait d'importance
    tu allais au rendez-vous avec lui,
    avec lui, avec lui, avec lui, avec lui
    qui partit dans la montagne (*)
    qui jamais ne fit de mal
    qui partit dans la montagne,
    et en cinq minutes
    il fut massacré.
    Sonne la sirène
    de la reprise du travail,
    beaucoup ne sont pas revenus
    Manuel non plus.

    Je me rappelle de toi Amanda
    la rue mouillée
    courant à l'usine
    où travaillait Manuel.

    (* Selon les interprétations, Manuel peut être parti dans les montagnes rejoindre une guérilla, ou parti travailler dans une mine, à moins que la chanson n'évoque le célèbre événement du massacre des mineurs en grève à Iquique le 21 décembre 1907 ?)

     


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  • Réponses aux questions posées mercredi dernier :

    1- Qu'est-ce que le vieux mur qui sépare le 22 du 20 de la rue Pavée ?

    Réponse de Queneau : Le mur vermiculé qui sépare l'hôtel de Lamoignon du 20 de la rue Pavée est un reste de l'ancienne prison de la Petite-Force (pour les "femmes de mauvaise vie"), prison démolie en 1848.

    Réponse de JFV : Dans Les exagérés, il est beaucoup question de la prison de la Force où la Lamballe a été jugée et condamnée. Et dans La Grande ronde du Père Duchesne..., JFV dans les pas d'Hébert, précise : "Il reste un pan de mur, une arête vermiculée, qui marque le bord de l'hôtel Lamoignon, rue Pavée. La Bibliothèque historique de la Ville de Paris. L'enceinte de la Petite-Force, la prison des femmes, celle de la Lamballe, mordait sur l'actuelle salle des cartes et des plans de l'inestimable bibliothèque. Autre vestige ? Au fond de la cour de la caserne des pompiers, rue de Sévigné, un autre grand mur de la Force subsiste. C'est tout". Ne reste plus qu'à aller "étouffer un enfant de choeur", "à la terrasse du Dôme, à deux pas (...)".

    Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (3) - Réponses

     

    2- Quel est l'événement qui, le 27 février 1841, attira plus de 300000 Parisiens du côté de Grenelle ?

    Réponse de Queneau : Le 27 février 1841, après huit ans de travaux, l'eau jaillit dans le  puits artésien de Grenelle, d'une profondeur de 518 mètres. Plus de 300000 Parisiens se précipitèrent aussitôt pour voir cette curiosité.

    Addenda : Dans Nous cheminons..., Félix rencontre Alfred Katz pour la dernière fois, 51 ans plus tard il raconte à Victor : "Je remis les clés à Katz. Il s'enfuit. (...) Vers le Bal Nègre, vers ma petite école, la piscine, la station Sèvres-Lecourbe, le puits artésien que tout le monde a oublié. Le lycée Buffon."

    Les "puits artésiens que tout le monde a oubliés", il y en eut 5 de creusés à Paris entre 1833 et 1929. Allant chercher l'eau à plus de 500m de profondeur, ils fournirent de l'eau de source, potable et non contaminée par le choléra, aux parisiens. Il y eut d'abord celui de Grenelle (avenue de Breteuil, Paris 15e) dont parle Queneau, puis celui de Passy (16e), celui de la place Hébert (18e), celui de la Butte-aux-Cailles (rue Bobillot, 13e). Et enfin celui dont parle Felix dans Nous cheminons..., rue Blomet (15e). Achevé en 1929, en même temps que la piscine qu'il alimentait en eau. Comme JF Vilar a passé son enfance dans ce même quartier, nul doute qu'il l'a connu aussi.

    L'emplacement des puits artésiens était marqué par une colonne en fonte ou une haute tour en bois.

    Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (3) - Réponses Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (3) - Réponses Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (3) - Réponses 

       Puits artésien      Colonne du       Puits artésien, rue Bobillot
        de Grenelle       puits artésien       photo Eugène Atget
    photo Edouard Baldus    de Passy               vers 1900
       vers 1860-1862       (gravure)

    Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (3) - Réponses

    Puits artésien, rue Blomet, 1929

    Aujourd'hui, seules 3 fontaines parisiennes fournissent de l'eau de source directement pompée dans les profondeurs (toutes les autres fontaines, y compris les 120 fontaines Wallace, sont reliées au réseau d'eau traitée) : place Paul Verlaine (Butte-aux-Cailles, 13e), square Lamartine (Passy, 16e) et square de la Madone (18e).

     

    3- Quelle voie de Paris s'est appelée au XVIIe siècle cul-de-sac du Ha ! Ha ! ?

    Réponse de Queneau : L'impasse Guéménée (4e) s'appelait au XVIIe siècle le Cul-de-Sac du Ha ! Ha !

    Addenda : Au n° 10 de l'impasse Guéménée se trouvaient dans les années 1970-80 des locaux de la LCR par lesquels le journaliste de Rouge JF Vilar est très souvent passé. Nous ignorons s'il connaissait l'ancien nom de cette voie, mais la question nous a plu. C'est tout.

     


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  • Pour imaginer les questions de sa rubrique Connaissez-vous Paris ?, Queneau explique avoir partagé son temps entre les recherches à la Bibliothèque Nationale et les dérives à travers Paris. Dans plusieurs textes il définit l'art de la flânerie urbaine, qu'il nomme "amphionie". Son poème L'amphion, écrit en 1923, a sa place sur un mur du passage : il parle de Paris, de temps qui passe, de jeu (de l'oie ?), d'itinéraires et de plans... :

    L'amphion

    Le Paris que vous aimâtes
    n'est pas celui que nous aimons
    et nous nous dirigeons sans hâte
    vers celui que nous oublierons

    Topographies ! itinéraires !
    Dérives à travers la ville !
    Souvenirs des anciens horaires !
    Que la mémoire est difficile...

    Et sans un plan sous les yeux
    on ne nous comprendra plus
    car tout ceci n'est que jeu
    et l'oubli d'un temps perdu

     

    3 dernières questions, plus difficiles, qui ont un lien avec JF Vilar, autre "flâneur frénétique" :

    1- Qu'est-ce que le vieux mur qui sépare le 22 du 20 de la rue Pavée ?

    2- Quel est l'événement qui, le 27 février 1841, attira plus de 300000 Parisiens du côté de Grenelle ?

    3- Quelle voie de Paris s'est appelée au XVIIe siècle cul-de-sac du Ha ! Ha ! ?

    (Réponses samedi)

     


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  • Réponses aux questions posées mercredi dernier :

    1- Où se trouve l'endroit exact où Gérard de Nerval se suicida ?

    Réponse de Queneau : Il se suicida dans la nuit du 25 au 26 janvier 1855, rue de la Vieille-Lanterne, à l'emplacement exact de la scène du théâtre Sarah-Bernhardt.

    Réponse de JFV : Dans Nous cheminons..., une nuit, Victor, accompagné de Solveig, suit les traces d'Alfred Katz et de Mila à travers Paris ; cela les mène au square de la Tour St-Jacques : "Je la conduisis devant la stèle de pierre marquant l'endroit où Nerval avait été découvert pendu. Suicide.
    - C'était le vendredi 26 janvier 1855, à 7 heures du matin. En réalité, il n'était pas tout à fait mort. Mais la loi interdisait de le décrocher. Le temps que vienne la police, il était passé. (...) La seule vraie énigme que pose cette mort est que Nerval s'est tué en gardant son gibus sur la tête."

    Victor précise : "Nerval est mort, en réalité, à l'endroit où se dresse le théâtre Sarah-Bernhardt. Certains disent : à l'emplacement même du trou du souffleur."

    Nous avons déjà évoqué cela dans un post éphéméride. Et un commentaire d'un visiteur régulier nous rappelait qu'une plaque commémorative existe dans le théâtre de la Ville (ex Sarah-Bernhardt)... pour peu qu'on puisse descendre au sous-sol.

     

    2- Où sont enterrés les combattants de la Révolution de juillet 1830 ?

    Réponse de Queneau : Les 504 Parisiens qui tombèrent lors des journées de juillet 1830 (les 27, 28 et 29) sont enterrés sous la colonne de la place de la Bastille. (Leurs noms sont gravés sur le fût.)

    Réponse de JFV : Dans Bastille Tango, Victor pénètre avec Oscar à l'intérieur de la colonne de la Bastille : "On n'entre pas si facilement dans la Colonne de Juillet. A défaut d'autorisation exceptionnelle bureaucratiquement obtenue, il faut une manif un peu chaude, voire une insurrection pour accéder dans son secret. Ou une très vieille et très intime connaissance des lieux. J'étais personnellement familier de ces diverses possibilités-là."

    Il raconte : "Négligeant l'escalier à vis montant vers le Génie, Oscar m'entraîna vers le bas. Vers la crypte, vers le canal.
    Dans le mausolée sont censés être réunies les cendres des "citoyens français" qui "s'armèrent et combattirent" pour "la défense des libertés publiques" les 27, 28 et 29 juillet 1830. On sait que s'y mèlent les restes de quelques momies égyptiennes, reliquats de la campagne d'Egypte de Bonaparte, malencontreusement jointes aux martyrs. Quelle importance ? Le feu de la Semaine Sanglante ayant mêlé le tout en un crématorium indistinct. Le reste n'est plus que rite."

     

    3- Où se trouve le passage des Singes ?

    Réponse de Queneau : Le passage des Singes va du 43 de la rue Vieille-du-Temple au 6 de la rue des Guillemites, autrefois nommée rue des Singes.

    Réponses de JFV : Le passage des Singes tient une place importante chez JF Vilar. Déja dans Paris la nuit signé en juillet 1982, il parle du "Passage des Singes, dans le Marais, désormais détruit. Entre rue des Guillemites et rue des Rosiers, on construit actuellement un parking de sept étages."

    Dans Passage des Singes dont l'action se situe en septembre 1982, Victor expose des photos à la galerie du Passage, rue des Guillemites : "A quelques mètres, le chantier qui a remplacé l'ancien passage des Singes est en pleine activité. Bulls et caterpillars se déchaînent. C'était un des coins les plus secrets du Marais. Ce sera un parking sur sept niveaux." Il expose notamment une série : "la série précisément du passage des Singes tel qu'il était avant, avec tous les chats, les deux belles grandes portes cochères voutées, les ruines du magasin de primeurs. Quelques autres photos marquent le début de la destruction. Je m'étais proposé de la suivre de bout en bout, histoire d'établir le constat. Je n'ai pas tenu le choc."

    Au début du roman, Victor trouve un message de sa galeriste sur son répondeur : "Tu as réussi une vente, mon vieux. Incroyable mais vrai (pause). Un type, un Américain j'ai l'impression. Il a acheté une photo, celle du passage des Singes, tu sais : avec la pompe à eau et les paniers..." Plus tard, dans la galerie, Locke ("l'Américain") interroge Victor sur cette photo : "Faite à côté aussi. C'est la pompe à eau qu'on trouvait, tout de suite à droite, à l'entrée (...)
    - Je voulais vous demander... c'est bien une citation ?
    - Exact. Eugène Atget a photographié cette pompe, autrefois.
    Il l'a photographiée lors d'un de ses voyages en ville et j'ai trouvé juste de prendre une image aussi fidèle que possible à la sienne, cadrée de la même manière, avec la même lumière.
    - Voyez : j'ai également pendu deux paniers en osier, comme sur la photo du vieux."

     Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (2) - Réponses

    (Eugène Atget, photo du Passage des Singes, vers 1911)

    Locke interroge ensuite Victor sur "ces autres photos ?"
    "- Des chats. Ils habitaient dans les maisons vides du passage. J'ai trouvé amusant de les suivre sur leurs autres territoires, dans les vieilles cours du quartier." Victor ajoute que "depuis le temps [qu'il vient] ici, pas mal d'années au total, toutes les portées de chats du passage ont donné des matous noirs, rigoureusement noirs." C'est très probablement une de ces photos de Victor qui illustre la couverture de l'édition originale de Passage des Singes. De Victor ou de Vilar ?

    Dans Bastille-Tango, dans le chapitre situé en mars 1985, passant rue des Guillemites, Victor regrette encore : "Ils avaient détruit depuis longtemps le Passage des Singes. A la place on avait creusé un parking de sept niveaux et, au-dessus, s'achevait la construction d'un immeuble pas spécialement laid. Quelques éléments rappelaient l'architecture du XVIIIe. Dans un an ou deux, avec de la patine et de la crasse urbaine, cela se fondrait dans l'ensemble des immeubles voisins et il n'y aurait plus rien à dire. Tout juste quelques vieilles photos à regarder. La destruction du Passage n'était pas un scandale, une bêtise tout au plus."

    Sur le remarquable site Paris avant, on trouve une photo (d'Atget) d'une entrée du passage vers 1900-1911 et une du portail clos d'aujourd'hui, côté rue des Guillemites : ici.

    Louise Lame et moi avons plus d'une fois patienté devant ce portail, et celui de l'autre côté, rue Vieille-du-Temple : jamais ils ne se sont ouverts, pour nous laisser jeter un oeil sur ce qu'est devenu le passage. Et nous ne voyons pas trop non plus par où pourraient entrer et sortir les véhicules utilisant un parking de sept niveaux ? Affaire à suivre...

    A mercredi.

     


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  • Connaissez-vous Paris ? que nous présentions la semaine dernière comprend 456 des 2102 questions posées par Queneau aux lecteurs et lectrices de L'Intransigeant. Une note précise que "le principal critère de sélection repose sur la pérennité des informations données par l'auteur ; nombre des particularités de la ville ont en effet disparu depuis les années 1930." Pourtant, on trouve la question "Où se trouve le passage des Singes ?" alors que les lecteurs de JF Vilar savent bien qu'il était déjà détruit au moment de l'écriture du roman du même nom. Et on apprend dans la postface que la question "D'où vient le nom du cinéma (ancien théâtre) Ba-ta-clan ?" n'a pas été retenue, alors qu'aujourd'hui encore le promeneur du boulevard Voltaire ne peut le manquer (au n° 50) !

    Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (2) Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (2)

       (vers 1900 : le Ba-Ta-Clan)     (en 2010 : le Bataclan)

    D'ailleurs, nous regrettons un peu que l'édtion d'aujourd'hui ne reprenne pas toutes les questions de 1936-1938, car nous aimons le Paris disparu. Comme Queneau semble-t-il qui écrivait en 1955 : "Les terrains vagues même, finirent par me fasciner et je cherchai à en déchiffrer l'histoire. Rien ne me paraissait plus digne de remarque que les débris des fortifications ou les pavillons de quelque rue oubliée du 13e."

    3 nouvelles questions dont les réponses se trouvent dans les romans de JF Vilar :

    1- Où se trouve l'endroit exact où Gérard de Nerval se suicida ?

    2- Où sont enterrés les combattants de la Révolution de juillet 1830 ?

    3- Où se trouve le passage des Singes ?

    Réponses samedi...

     


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