• Au numéro 7

    Sans doute était-ce à cause de cette séquence dans La guerre est finie. Montand regarde une femme dans un train et toutes les femmes apparaissent, se dirigeant, de dos, vers le numéro 7 de la rue de l'Estrapade, l'adresse de l'appartement qui figure sur ses faux papiers.

    Sans doute en visionnant le film de Resnais, me suis-je alors remémorée Sybille dans Tandem, cette femme toujours différente qui change constamment d'apparence. Sybille est morte bien sûr. Comme tant de femmes croisées par Victor. Comme si toutes, toutes les passantes, se dirigeaient vers les lieux du crime. Ou vers la Seine. Chaque regard croisé.

    Au numéro 7

    (L'inconnue de la Seine, photo de Genia Rubin, 1934)

    Après avoir vu le film, ma nuit fut agitée. Non pas que je crus me voir au milieu des femmes de la scène du numéro 7, mais dans mon rêve je vis Victor. Pour la première fois depuis sa disparition. Nous étions dans un grenier. Je ne sais pas pourquoi, j'avais la certitude de reconnaitre le lieu, il s'agissait du grenier d'une synagogue, très précisément de la synagogue de la rue Maislova, dans le quartier Josefov à Prague. Victor y apparaissait derrière un comptoir. Il était en partie caché. Je tenais absolument à voir ses jambes. Voir s'il marchait, s'il tenait debout, voir quelle machinerie, rouages, lui permettait d'être devant moi, malgré l'accident me disais-je. M'étant assurée qu'il marchait réellement, je pus m'intéresser à ce qui se passait autour de nous. Je sentais intensément la force d'une présence. Celle du Golem. Sauf que le Golem c'était moi. Ou bien Victor. Je pensais : il nous faut sortir du grenier, la nuit, pour écrire sur les murs de la ville. Des villes. Dans mon rêve je me concentrais pour lire le message que nous devions écrire. La teneur de ce message était importante, elle pouvait sans doute suffire à initier des révoltes, des émeutes, il était temps. Mais, en lieu et place du message à écrire, je voyais constamment défiler devant mes yeux les femmes du film de Resnais, qui toutes entraient au numéro 7, en cet endroit du temps où se rencontrent passé et futur.

    Au numéro 7

     


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