• Autour du 20 janvier...

    Dans Nous cheminons..., Victor est enlevé avec Alex Katz le 20 janvier 1987. Durant leurs presque 3 ans de captivité, ils tentent de garder conscience du temps qui passe par "le petit jeu quotidien de l'almanach". A la date du 20 janvier, ils fêtent "sans sectarisme la condamnation de Louis Capet, la mort de Lénine, la naissance de Fellini et celle de Raymond Roussel, le départ de Lenz dans la montagne".

    L'histoire officielle retient plutôt que Lénine est mort le 21 janvier (1924), comme Louis Capet exécuté le lendemain de sa condamnation, le 21 janvier 1793. Demain, comme chaque année depuis le 21 janvier 1848, des libre-penseurs fêteront l'événement en se délectant d'une tête de veau et d'un verre de vin rouge. Louise Lame et moi sommes certes de tendance régicide, mais pas du tout de tendance tête de veau. Tant pis pour la tradition.

    Quant au "départ de Lenz dans la montagne", il s'agit d'une référence à l'incipit de la nouvelle inachevée Lenz, de Georg Büchner : "Le 20 janvier, Lenz partit dans la montagne". Büchner, écrivain et révolutionnaire blanquiste d'Allemagne écrit en 1835 sur le périple en 1778 de Jakob Lenz, écrivain romantique. Cette longue marche solitaire de Lenz, malade, inspira outre Büchner, Paul Celan, et plus récemment, Jean-Christophe Bailly, qui lui consacra un essai en 1980, Le vingt janvier. Hier jeudi 19 janvier 2012, JC Bailly était au Comptoir des mots, avec Benoit Casas, Jacques-Henri Michot et Eric Hazan, autour du recueil paru à La Fabrique, Toi aussi tu as des armes, titre reprenant la dernière phrase écrite par Kafka dans son journal un an avant sa mort : "Plus que de la consolation est : toi aussi tu as des armes". Itinéraires, croisements, faux hasards et vraies coincidences... De la première phrase d'un texte de Büchner à la dernière phrase du journal de Kafka, de Blanqui à La Fabrique, du départ dans la montagne au départ dans le maquis, prendre la plume, prendre les armes... Poésie & politique ? Nous ne désarmons pas, nos désirs nous mènent.

     


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  • Commentaires

    1
    Didier Buty
    Vendredi 20 Janvier 2012 à 21:30

    Heu ...

    Je crois que Victor et Alex sont plutot enlevés à Beyrouth ...

    D'ou vient ce lapsus ?

     

    A+

     

    Didier

    2
    Corsaire Sanglot Profil de Corsaire Sanglot
    Samedi 21 Janvier 2012 à 13:34

    ah ben oui, tiens c'est vrai !!!??? bon il me semble que nulle part dans le livre n'est citée Beyrouth, mais "une ville en pleine guerre civile", des tirs de mortiers et des "ravisseurs du bout du monde". Berlin n'était pas vraiment en guerre civile en 1987... donc, Beyrouth, oui probablement.

    Le lapsus vient sans doute du fait que dès le début du roman, Berlin est au centre du récit (qui commence le jour de la chute du mur), Marc y est en reportage. Et puis ensuite, les retours sur 1938 passent par Berlin (le nazisme) et un des thèmes principaux du roman ce sont les"blocs" est et ouest (des assassins de Staline en 1938, aux "revolutions" de 1989), Berlin et son mur étant le symbole de cette logique de blocs - il est d'ailleurs notoire que Berlin est énormément citée dans le roman sans que jamais il n'y ait de description de quelque endroit précis de la ville (contrairement à Prague qui existe là en tant que lieu, en tant que ville), ce qui chez JFV indique clairement que Berlin est ici un symbole plus qu'une ville réelle, une ville où flâner.

    Bon, je vais corriger dans le post. Merci du commentaire, et merci de continuer à nous rendre visite.

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