• Blanc et Noir (variante)

    Je ne sais pas comment vient une idée. Ou une image. J'étais chez moi, c'est-à-dire pas très loin de l'endroit ou s'est défenestrée Unica Zürn. Là où vivait Hans Bellmer, 4 rue de la Plaine, Paris 20ème. Mais cela n'a rien à voir avec la suite. Enfin je crois.

    Chez moi, il m'est venu à l'esprit une question à propos de photos érotiques ou pornographiques ; j'ai du mal parfois avec les définitions et les limites. Les photos en question sont celles de Mila dans Nous cheminons... Je ne me souvenais plus qui était censé les avoir prises : Man Ray ou Bellmer ? Et de quelles photos, réelles celles-la, JFV avait-il pu s'inspirer ?

    J'ai donc retrouvé les passages où elles étaient décrites : dans le premier, Katz passe voir Man Ray dans son atelier "au bas du boulevard de Port-Royal". Celui-ci le photographie et lui donne une enveloppe assez épaisse contenant des images de Mila nue, dont quelques-unes où "elle était liée par des cordages, des sangles, qui entraient profondément dans ses chairs, les déformaient, la transformaient en poupée (...). Sur la plupart des photos, le visage était distinct, parfaitement impassible". Puis plus loin (p.214), Mila parle de la séance avec Man Ray et Bellmer : "Mais tous le temps qu'il demandait à Man de faire cette photo, et puis celle-la, qu'il m'expliquait très gentiment, très exactement ce qu'il voulait, de quelle façon la corde devait me déformer les seins, le ventre, les fesses, tout le corps, me remodeler comme une sculpture, je sentais sa passion."

    Les photos étaient donc de Man Ray, pour Bellmer et sous son regard.

    Je ne sais pas si cette scène est plausible ? Quels étaient les liens entre Bellmer et Man Ray en 1938, année où se situe le roman ? Bien sûr ils se connaissaient mais pas très bien, Hans Bellmer venait juste d'arriver à Paris après la mort de sa femme. Oui, Man Ray faisait des photos érotiques et même tournait des scènes d'amour lesbien dont il avait tiré des photogrammes. Oui Bellmer travaillait sur la poupée. Et puis ?

    Et puis bien sûr il y a les photos de l'un et de l'autre : quelques images bondage prises par Man Ray en 1930, la série Blanc et Noir, plutôt sage.

    Lectures au passage Lectures au passage Lectures au passage Lectures au passage Lectures au passage

    Et celles de Bellmer, mais elles ne datent pas de 1938. A cette époque il photographie la poupée et peu de nus. C'est avec Unica dans les années 50 qu'il photographie des corps "ficelés", des photos qui ressemblent à la description de Nous cheminons... mais sans visages.

    Lectures au passage Lectures au passage Lectures au passage

    Peut-être faudrait-il, pour que j'obtienne plus de renseignements sur l'année 1938 et les emplois du temps des surréalistes que, telle Irma Vep, toute vêtue de noir, je me glisse, de nuit, dans la bibliothèque-labyrinthe de Jean-François Vilar afin d'y trouver les preuves d'un travail commun entre Man Ray et Bellmer. Je me cognerais certainement - encore - à des mannequins sortis du passage du Caire à moins que je ne me retrouve nez à nez avec un portrait de Breton me dévisageant...

    Je ne sais pas comment viennent les idées. Ni les images. Mais j'aime bien les suivre, en silence et sur la pointe des pieds, voir où elles mènent...

     


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