• Littérature délinquante

    "Je n'ai jamais aimé la littérature policière, ce qui m'intéresse c'est la littérature délinquante", disait Jean-François Vilar.

    Un qui n'aimait pas non plus les flics, et dont on peut dire qu'il a fait de la littérature délinquante, c'est Abdel-Hafed Benotman. Il a d'une certaine manière consacré  sa vie à ces deux pôles : la délinquance et la littérature. J'avais connu la voix d'Hafed quand il faisait partie du collectif d'animation de l'émission Ras-les-murs sur Radio Libertaire (avant d'aller animer L'envolée sur FPP) qu'il concluait souvent d'un aphorisme bien senti, du genre "D'un organe de plaisir la prison fait un objet de torture", ponctué d'un "Comprend qui veut, comprend qui peut !" J'avais connu son regard et son sourire quand il me rendait mes tickets de cinéma à moitié déchirés au Méliès à Montreuil. J'avais connu son histoire quand j'avais lu Eboueur sur échafaud, publié par François Guérif chez Rivages. Au début du récit, un petit parisien cherche son prénom dans le calendrier des postes et dans celui des pompiers. Ne le trouvant pas, il comprend "qu'il ne sera jamais un saint en ce bas monde".

    Littérature délinquante

    Aujourd'hui, un demi-siècle plus tard, d'autres jeunes enfants dont le prénom ne figure toujours pas dans les calendriers qu'on nous vend au porte à porte à la nouvelle année se retrouvent embarqués dans des commissariats, soupçonnés d'apologie d'un mot qu'ils sont trop jeunes pour comprendre tout à fait. Aujourd'hui, je marche dans les rues d'une ville occupée, l'armée patrouille dans Paris. Aujourd'hui, la préfecture de police interdit les manifestations contre les massacres commis par une autre armée d'occupation en Palestine et les manifestations contre les violences policières commises ici, sur les ZAD, dans les quartiers. Il y a des manifestations légitimes, républicaines, et d'autres illicites. Nous sommes l'ennemi intérieur.

    Abdel-Hafed Benotman vient de mourir. Salut Hafed. A bas l'état policier, à bas toutes les armées, détruisons les prisons et viva la muerte ! La lutte continue.

     


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