• Chez Jean-François Vilar, le féminin l'emporte

    Victor B aime les chats. Dès le premier chapitre de sa première aventure, C'est toujours les autres qui meurent, il nous raconte qu'il vient de ramener chez lui un chaton mâle, que ses deux chattes déjà installées observent avec circonspection. Il y a Kamenev et Zinoviev ("femelles ou pas, pour le nom elles n'ont pas eu le choix, vu ?"). Et Radek, donc ("il s'appelle Radek : quelque chose à y redire ?"), "tout petit, deux mois à peine, tout noir avec une tache blanche juste sous le col, et une autre plus secrète sur le ventre, au-dessus des couilles (...des couilles, bordel ; il faudrait aussi que je le fasse couper !)".


    Dans Passage des Singes, Victor évoque encore "Kamenev et Zinoviev, les deux chattes, la grise tigrée et la tricolore (...), robe blanche avec des taches rousses et brunes", et "Radek, le petit mâle noiraud"De même, dans la nouvelle Tandem, il déclare : "J'hébergeais déjà trois chats dont deux chattes (...). Radek était le dernier venu, un petit mâle."


    Mais le lecteur qui commencerait la saga de Victor B par Bastille Tango ferait la connaissance d'un personnage semblant vivre avec 3 chattes !? Certes, une attention très fine montre que lorsqu'il évoque Radek seul, par 3 fois il écrit "il" et que lorsqu'il parle de Kamenev ou de Zinoviev isolément, il écrit "elle". Mais à plusieurs reprises il évoque "les chattes", et il écrit par exemple : "Les chattes flairèrent, intéressées, puis s'éloignèrent. L'une allant dormir au coude du Bras Armé. L'autre se nichant, refuge connu, sous la vaste cape de Jane. La dernière plus banalement sur le fauteuil thailandais". Qu'en penser ? Victor vit-il avec 2 chattes et 1 chat, ou avec 3 chattes ?


    Dans Paris d'octobre, Victor décide de s'exprimer clairement sur la question : "ce sont des chattes, oui !".


    Mais pourtant, un an plus tard, dans Les Exagérés, Marc, rédac-chef du Soir ("journal du matin", ex-Le Grand Soir, quotidien gauchiste converti à l'optimisme des années 80 - suivez mon regard !), vieux compagnon de route de Victor, lui demande : "Comment vont tes chattes ?". Victor s'emporte : "Il n'en reste plus qu'une, et c'est un chat, je t'ai déjà dit." (Kamenev et Zinoviev sont mortes, seul reste Radek.)


    Trouble dans le genre ? La réponse à ce mystère nous est fournie dans une interview donnée en 1986 par JFV à Chrystine Brouillet pour le n°26 du magazine québécois Nuit blanche. JFV dit à l'intervieweuse : "En tant qu'écrivaine, tu sais ce..." Interloquée, C.Brouillet l'interrompt : "Tu dis écrivaine ?" "Oui, j'aurais plutôt tendance", répond JFV. "Tu es un cas. Personne ne féminise", s'exclame CB. "Je sais...", répond malicieusement JFV, "Tu vois, je parle de mes chattes alors qu'il y a un mâle et une femelle mais avant quand elles étaient trois, il y avait deux femelles. La communauté était à majorité femelle."


    JFV aime les femmes.



    Chez Jean-François Vilar, le féminin l'emporte

    (carte de visite utilisée par JFV dans les années 1980 - Sous son nom figuraient son adresse et son n° de tél que nous avons choisi de camoufler)



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