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  • Bon, nous y sommes. Rendus au bitume. Je ne suis pas exactement dans le même état d'esprit que l'année dernière. Le fond de l'air est sans odeur ni couleur. Au bord du canal j'attends. J'ai gardé à mes pieds les sandalettes en cuir. Je pense à cette phrase dans La Jetée de Chris Marker : "appeler le passé et l'avenir au secours du présent".

    Dans un autre quartier, en périphérie, Corsaire et moi tombons sur un mur graffité.

    Retour à Paris

    (photo, dimanche 26 août 2012, 16-18 rue du Clos, Paris 20e)

    Hommage à Chris Marker dans cette cité du 20ème. Finalement je souris en me disant que rien n'est impossible.

    Un jour peut-être retrouverai-je Victor dans un musée plein de bêtes éternelles.

    Retour à Paris

    (photogramme tiré de La Jetée, 1962)

     


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  • Jean-François Vilar a écrit dans les années 80 et 90 de la littérature délinquante.

    Jean-François Vilar vit entre Paris et Prague, aime les passages, la tour Saint-Jacques, les fonds de cour, les lieux qui ont connu le bruit et la fureur des émeutes et des révolutions.

    Jean-François Vilar est toujours trotskyste.

    Jean-François Vilar fréquente les fantômes. Duchamp, Breton, Nadja, Walter Benjamin, Desnos, le père Duchesne...

    Jean-François Vilar a cessé de publier en 1993 après Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués.

    Passage Jean-François Vilar est un blog ; une déambulation dans la ville, un jeu entre fiction, désirs et réalité.

    Les deux animateur/trice du blog seront présent-e-s à la bibliothèque-infokiosque de Saint Jean du Gard, 152 Grand'rue, le lundi 20 août 2012 à partir de 19h.

    Après la soirée, nous mangerons ensemble ce que chacun apportera.

    Lectures au passage

    (photo L.Lame, été 2010)

     


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  • 20ème anniversaire de la mort d'Astor Piazzolla, le samedi 4 juillet 1992 à Buenos-Aires, à l'âge de 71 ans.  

    Quand Maurice Périsset, pour son Panorama du polar en 1986, demande à JFV qui est son musicien préféré, il répond : "Astor Piazzola".

    La même année, en septembre 1986 dans Les exagérés, Victor écoute les messages accumulés sur son répondeur. Parmi eux, "un message envoyé par je ne sais qui me donnait à entendre un petit tango nerveux, du Piazzola. J'appréciai".

    Déjà en février 1984, l'héroine de la nouvelle Tandem (dans le n°3 de la revue Tango), suit Victor dans son rade habituel, la Capitale. "A peine assise sur le plastique usé et moche de la banquette, Sybille glissa quelques pièces dans le juke-box. Vint alors, et très curieusement, le "Libertango" de Piazzola".

       (Libertango, extrait de Astor Piazzolla and his Tango Quintet, enregistrement public à Lugano, 1983)

     

    Et en novembre 1989 dans Nous cheminons..., lorsque Victor est libéré après presque 2 ans de captivité, sa voisine Carmen a pris soin entre autres choses de lui enregistrer le concert de Piazzola, "aux Bouffes".

    Victor n'est pas un inconditionnel. Ni politiquement, lorsque Julio dans Bastille Tango lui apprend que "Piazzola a fricoté avec la junte". Ni musicalement, quand la chanteuse Milva "massacre" Balada para un loco, accompagnée par Piazzolla ("Non seulement le maestro n'a pas toujours été digne sous la junte, mais il a servi la soupe à des partenaires indignes"). 3 ans plus tard dans Nous cheminons..., quand le flic Laurent l'invite rue Volta dans un restau latino, son opinion n'a pas changé : "Sur la bande son, c'était maintenant Piazzola, Balada para un loco. Une mauvaise version. Celle où hurle inutilement la chanteuse Milva".

    Mais quand Julio met sur la platine Adios Nonino, Victor fond : "L'interprétation, qui commence par une longue approche au piano, très lente et où chaque note se détache, comme un pas hésitant dans une rue mal connue à une heure dangereuse et où se greffe l'emportement du violon et du bandonéon, ample, imparable. J'eus un frisson, comme à chaque fois".

              (Adios Nonino, extrait de Astor Piazzolla y su Quinteto - Adios Nonino, 1969)

     

    Le flic Villon, "érudit et sinistre", préfère Sud : "Un de mes tangos préférés, savez-vous ? (Il se balançait en chantonnant.) "Les rues et les lunes des faubourgs / et mon amour à ta fenêtre / tout est mort, je le sais." Beau, non ?"

         (Sur, extrait de Piazzolla o no? Bailable y Apiazolado, 1961, chant : Héctor De Rosas)

    Qu'est-ce qui parle tant à Victor ? Peut-être tout est-il résumé dans ce vers de "Balada para un loco" : "Dans la rue et en moi, c'est pareil".

    Louise et moi quittons la rue parisienne quelque temps. Nous vous laissons avec ces quelques tangos en écoute...

         (Balada para un loco, Roberto Goyeneche con la Orquesta de Cuerdas de Astor Piazzolla, 45 t, 1969)

     


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  • JF Vilar aime la BD. Du temps où il était journaliste au quotidien Rouge, il a souvent écrit, sur Tardi, Crepax, Pratt, Muñoz & Sampayo, la bande des Humanoîdes Associés (Metal Hurlant, Ah! Nana) – Druillet, Moebius, etc.

    Dans le n°639 du mardi 2 mai 1978, il consacre un article enthousiaste au premier album de Chantal Montellier, 1996. L'article s'intitule "Une femme communiste et la BD".

    Au hasard de nos déambulations sur la toile, nous avons trouvé la trace d'un "dossier de 4 pages dactylographiées" que JFV aurait consacré en 1984 à l'album Odile et les crocodiles. Nous n'avons hélas pas encore mis la main sur ce document.

    Odile et les crocodiles, publié en 1984, est l'histoire d'une femme fatale - au sens littéral du terme. Violée dans un parking, bafouée par la justice, elle entreprend de répondre aux avances des hommes prédateurs à l'aide d'un coupe-papier. Elle est filée par un flic aux sentiments ambigus. A un moment, elle commence à rédiger son histoire. Un écrivain rencontré "dans un café du boulevard" essaie de l'aider à travailler son récit.

    Cette histoire a une soeur. Dans le n°2 de la revue Contre-ciel, en juin 1984, JFV publie une nouvelle intitulée Cherie's requiem. Une jeune femme, prétendant avoir comme fantasme d'être violée, attire les hommes via les petites annonces de Libé. Elle, elle exprime son point de vue avec un rasoir. Un flic aux sentiments ambigus la file pendant tout le récit.

    Cela ressemble à deux variations sur un même sujet de départ. Publiées quasi simultanément. Montellier et JFV ont-ils travaillé ensemble ? Le personnage de l'écrivain de la BD - qui entend "évacuer (...) la tentation totalisante et totalitaire et les modes de pensée trop rigoristes et de ce fait réducteurs... je veux bien sûr parler, tu m'auras compris, du récit !" - est-il un avatar de JFV (en blond) ?

    Odile et l'écrivain se promènent le long du canal St Martin. Les deux récits passent d'ailleurs tous les deux par cette case du jeu de l'oie parisien. Dans la BD, le jeune écrivain blond imagine que l'héroine du récit d'Odile pourrait être plus provocatrice, qu'elle pourrait entraîner un homme dans le tunnel qui mène à Bastille (là où le canal devient souterrain, sous la statue de Frederick Lemaître, vous savez bien, juste en bas de chez Victor) pour l'y tuer. C'est ce que réalise l'héroine de Cherie's requiem, après avoir attiré les candidats à la mort par la petite annonce : "Entre Jemmapes et Bastille, j'aime le bord du canal et ses allures de lieu du crime".

    Crocodiles dans le canal

    (Odile le long du canal St Martin, dessin de Chantal Montellier, extrait de Odile et les crocodiles, 1984) 

    Crocodiles dans le canal

    (Valentina au bord du canal St Martin, dessin de J-F Vilar illustrant la nouvelle Tandem publiée dans Tango n°3, juillet 1984)   

     


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