• Réponses aux questions posées mercredi dernier

    1- Quel est le premier édifice de Paris qui fut éclairé au gaz ?

    Réponse de Queneau : L'hôpital Saint-Louis fut le premier édifice de Paris éclairé au gaz. La première usine fut installée dans un des bâtiments en 1818.

    Réponse de JF Vilar : dans C'est toujours les autres..., Victor retrouve Rose au pont tournant de la Grange-aux-Belles : "Nous marchons, à nouveau, au bord du canal. (...) Je lui montre l'hôpital Saint-Louis, que je connais bien, de l'autre côté de l'eau. (...)
    - Savez-vous qui a découvert le principe du gaz d'éclairage ? (...) C'est un nommé Lebon. Sa découverte date de 1791. Mais ce n'est qu'en 1818 qu'elle fut expérimentée, pour la première fois, dans un lieu public. A l'hôpital Saint-Louis, précisément. Un premier janvier.
       Les passages couverts sont venus après, contrairement à ce que j'ai longtemps cru. j'en suis désolé, autant que Rose. Mais c'est comme ça."

    C'était le temps des allumeurs de réverbères. Qui cumulaient - on en parle moins - avec le métier plus matinal d'éteigneurs de réverbères.

    Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (1) - Réponses

    "L'employé éteint un réverbère, rue Emile-Richard"
    (photo de Brassaï, Paris 14e)

      

    2- Où est né Michelet, le [21 août] 1798 ?

    Réponse de Queneau : La maison où naquit Michelet, le [21 août] 1798, a été démolie. Un médaillon de l'historien, 224, rue Saint-Denis, en indique l'emplacement ; elle se trouvait, 14, rue de Tracy (c'était l'ancienne église, désaffectée, des Dames de Saint-Chaumond).

    Réponse de JFV : dans Les exagérés, Victor, sur les traces d'Hébert dans le quartier Bonne-Nouvelle, prend la rue St Denis. Il engage la conversation avec une pute : "Je lui parlai un peu d'Hébert et de l'insurrection. A l'angle de la rue de Tracy, j'indiquai la maison natale de Michelet. La fille me regarda drôlement. Elle avait tapiné là, des mois durant, sans même lever le nez sur le portrait de l'historien, sculpté au fronton.
    - Faut dire que les visites guidées, en général, c'est pas le truc des michetons."

    Connaissez-vous Paris comme Queneau ? (1) - Réponses

      

    3- Où est mort Mirabeau, le 2 avril 1791 ?

    Réponse de Queneau : Mirabeau est mort, le 2 avril 1791, dans la maison qui porte actuellement le numéro 42 de la rue de la Chaussée d'Antin.

     Réponse de JFV : Dans Les exagérés, c'est dans cette rue que se situe le bordel Le Mirabeau, et Victor engage une joute avec Stan, le fils d'Anna Fried :
    "- Pourquoi ce nom-là, le Mirabeau ?
    - Il a habité et il est mort, rue de la Chaussée-d'Antin, au 42. Pas loin. La maison a été démolie, hélas.
    J'eus envie d'en découdre.
    - Quelle date, la démolition ? (...)
    - 1826.
    - Nom de sa propriétaire, celle qui louait à Mirabeau ?
    - Sais pas, lâcha-t-il. Et toi ?
    - Julie Carreau. Une danseuse de l'Opéra. Une entretenue de haut vol. Elle a épousé le comédien Talma, le mois même de la mort de Mirabeau. (...)
    - Parfaitement exact, approuva Stan un peu surpris. La petite Julie, maintenant je me souviens. (...) le 19 avril 1791. Mirabeau est mort le 9. Epuisé par les excès de bouffe et de plumard, comme tu sais. Il avait logé une de ses nombreuses petites ici, tout près de chez lui. Ici. Tu te rends compte ? Au fait : sais-tu que la rue s'est un temps appelée la rue Mirabeau-le-Patriote ?
    - Jusqu'en 1792.
    - Juste ! Cette année-là, en ouvrant l'armoire de fer des Tuileries, bourrée de documents secrets, on s'est rendu compte que le défunt tribun fricotait beaucoup avec la famille Capet."

    Bon, là, Queneau a raison : Mirabeau est mort le 2 et non le 9. (Erreur de Vilar, ou coquille de l'édition ?)

    A mercredi...

     


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  • En plein mouvement de mai-juin 1968, Jean Vilar annonce une nouvelle programmation du festival d'Avignon, intégrant un forum permanent de libre parole et de réflexion collective, qu'il nomme "les Assises du Théâtre", et qui se tiendra tous les jours du 20 juillet au 3 août, dans le Verger d'Urbain V.

    Le 20 juillet à 17h, et alors que le festival est bousculé depuis 3 jours (manifs, affiches, tentatives d'assister gratuitement aux représentations, etc.), il ouvre ce forum par la déclaration suivante :

    "Les Assises s'ouvrent aujourd'hui, ici, dans le Verger. On y discutera, nous l'espérons, de problèmes importants concernant "le théâtre et la société". Pour cela, il faut que la discussion soit possible, et c'est à nous de décider de quelle façon elle sera ouverte et poursuivie, ici, et dans les commissions et groupes de travail qui se réuniront dès demain matin.

    Quels que soient les problèmes qui seront discutés, je souhaite que chacun puisse s'exprimer, et puisse s'exprimer librement. Je crois que nous sommes tous d'accord pour défendre en commun une chose : le droit de chacun à s'exprimer. Il ne peut y avoir d'autre recommandation ou proposition. La règle du jeu repose sur cette commune acceptation. Elle repose aussi sur notre responsabilité individuelle.

    En ce qui concerne les représentations, ma position personnelle est claire. J'estime que les représentations doivent avoir lieu, et doivent avoir lieu dans les conditions qui les rendent possibles. C'est la raison pour laquelle tous ceux qui sont responsables du Festival et des représentations ont organisé eux-mêmes leur propre service d'ordre. Qu'il soit bien clair qu'il n'est pas de mon rôle, qu'il n'est pas de mon goût, de faire appel aux forces de l'ordre, et que nous ne le ferons pas.

    Pendant trois soirs, nous, organisateurs, avons donné l'exemple du calme. Cependant, nous avons aussi donné la preuve que nous défendrons ce que les Avignonnais et nous, artistes, techniciens et ouvriers, avons patiemment construit en vingt ans. Nous défendrons cela."

     


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  • Le dimanche 28 juillet 1968 à 18h30 au Verger d'Urbain V, en réponse à une mise en demeure de la mairie d'Avignon d'interrompre les représentations de leur pièce Paradise now et de lui substituer Antigone, Julian Beck lit au nom du Living Theatre le communiqué suivant :

    "Le Living Theatre a décidé de se retirer du Festival d’Avignon.

    Parce que, sans que le mot d’interdiction ait été prononcé, Paradise Now a été interdit par la Municipalité, sous menace d’action répressive et judiciaire.

    Parce que les responsables du Festival, représentés par le Maire d’Avignon, nous ont interdit toute représentation gratuite dans les rues d’Avignon, alors que la totalité des places payantes sont déjà vendues. Ces responsables affirment catégoriquement que la population n’a pas droit d’accéder au théâtre sans payer.

    Parce que nous avons le choix entre subir la contrainte de la Municipalité qui supprime notre liberté d’expression et travailler à assurer notre propre liberté et celle des autres.

    Parce que nous avons le choix entre nous incliner devant une exigence appuyée par une sommation d’huissier, et nous retirer du Festival, qui veut nous empêcher de jouer ce qu’il nous a demandé de jouer.

    Parce que nous voulons choisir la solution propre à diminuer le climat de violence qui règne dans la ville.

    Parce qu’on ne peut servir à la fois Dieu et Mammon, parce qu’on ne peut servir à la fois le peuple et l’Etat, parce qu’on ne peut servir à la fois la liberté et l’autorité, parce qu’on ne peut à la fois dire la vérité et mentir, parce qu’on ne peut substituer à un spectacle interdit une pièce, Antigone, dans laquelle une jeune fille, au lieu d’obéir à des ordres arbitraires, accomplit un acte saint.

    Parce que le temps est venu pour nous de commencer enfin à refuser de servir ceux qui veulent que la connaissance et les pouvoirs de l’art appartiennent seulement à qui peut payer, ceux-là même qui souhaitent maintenir le peuple dans l’obscurité, qui travaillent pour que le pouvoir reste aux élites, qui souhaitent contrôler la vie de l’artiste et celle des autres gens.

    Parce que le moment est venu pour nous de faire sortir l’art du temps de l’humiliation et de l’exploitation.

    Parce que le temps est venu pour nous de dire non, avant qu’aient disparu nos derniers lambeaux de dignité.

    Parce que notre art ne peut être mis plus longtemps au service d’autorités dont les actes contredisent absolument ce à quoi nous croyons.

    Parce qu’enfin, bien qu’il nous déplaise d’invoquer la justice et la loi, nous sommes convaincus que le contrat avec la ville d’Avignon est déjà rompu, du fait de notre empêchement à jouer Paradise Now. Nous nous sentons donc totalement libres de prendre cette décision nécessaire.

    La Compagnie du Living Theatre." 

     


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  • En 1926, Robert Desnos écrit le poème "A la mystérieuse", dédié à Yvonne George, et publié dans Corps et biens :

    A la mystérieuse

    J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
    Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
    Et de baiser sur cette bouche la naissance
    De la voix qui m'est chère ?

    J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
    En étreignant ton ombre
    A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
    Au contour de ton corps, peut-être.
    Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
    Et me gouverne depuis des jours et des années,
    Je deviendrais une ombre sans doute.
    O balances sentimentales.

    J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
    Sans doute que je m'éveille.
    Je dors debout, le corps exposé
    A toutes les apparences de la vie
    Et de l'amour et toi, la seule
    qui compte aujourd'hui pour moi,
    Je pourrais moins toucher ton front
    Et tes lèvres que les premières lèvres
    et le premier front venu.

    J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
    Couché avec ton fantôme
    Qu'il ne me reste plus peut-être,
    Et pourtant, qu'à être fantôme
    Parmi les fantômes et plus ombre
    Cent fois que l'ombre qui se promène
    Et se promènera allègrement
    Sur le cadran solaire de ta vie.

     

    En 1945, la dernière strophe est traduite en tchèque puis retraduite en français :

    J'ai rêvé tellement fort de toi
    J'ai tellement marché, tellement parlé,
    Tellement aimé ton ombre,
    Qu'il ne me reste plus rien de toi,
    Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres,
    D'être cent fois plus ombre que l'ombre,
    D'être l'ombre qui viendra et reviendra
    Dans ta vie ensoleillée.

     


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  • Lectures au passage

    "Plainte des amoureuses, poésie éternelle de la passion, de la révolte et de l'aventure, Yvonne George les exprime par tous ses gestes, son attitude, son existence même. Ce n'est pas une femme, c'est une flamme, elle est mieux qu'intelligente : sensible, plus que belle : émouvante. La femme moderne, si longtemps calomniée par les sots, trouve en elle sa plus haute expression."

    Robert Desnos écrit ces lignes enflammées dans les années 20 sur la chanteuse qui le fascina comme elle fascina tout Montparnasse. Venue de Belgique, elle débute à Paris le vendredi 8 octobre 1920. Elle chante au Boeuf sur le Toit (28 rue Boissy-d'Anglas), à Bobino (20 rue de la Gaîté)... ainsi que rive droite : Chez Fisher (21 rue d'Antin), à l'Olympia... Opiomane, elle meurt de la tuberculose, le vendredi 16 mai 1930, dans une chambre d'hôtel de Gênes, à 33 ans.

    Desnos lui a dédié plusieurs textes et poèmes dont le fameux A la mystérieuse

     


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  • Dans un post publié ici, nous alignons une sélection de notices biographiques de JFV parues dans différents ouvrages et revues. On y trouve 3 erreurs indiscutables :

    1) Contrairement à ce qui est écrit dans Tango n°3, Passage des singes n'est pas publié aux Presses de la Cité mais aux Presses de la Renaissance.

    2) Contrairement à ce qui est écrit dans la réédition de Passage des singes ainsi que dans La ville est un roman, JFV n'est pas né en 1948 mais le 14 mars 1947 comme indiqué dans Black exit to 68.

    3) La revue Après la plage annonce la parution de Délit de fuite, "intrusion du terrorisme dans le carnaval de Venise". Le titre du roman est en réalité Etat d'urgence.

    2 autres affirmations sont discutables :

    4) On lit selon les cas que C'est toujours les autres... a reçu le Grand Prix du Roman noir Télérama en 1981 ou en 1982. Officiellement le prix a été remis à JFV le 1er février 1982 alors que le roman venait de sortir. Bien entendu le jury avait fait son choix fin 1981, et le temps nécessaire à l'impression du livre avait rendu nécessaire un délai pour la remise officielle (et l'article dans Télérama).

    5) Dans Les hiboux de Paris, on lit que JFV a fait des études de philosophie et de droit. Si la philo est avérée (notamment dans son entretien publié dans Temps Noir en janvier 2011), nous n'avons trouvé nulle part ailleurs que dans cette notice des éditions Nathan la référence à des études de droit pour JFV... Nous en doutons donc.

    Enfin... il y a une erreur de photo. Puisqu'on trouve 2 versions d'un même portrait de JFV, l'une normale et l'autre inversée. La raie et la cigarette portées à droite ou à gauche ?

     


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  • Affiches décollées des murs de mai 68 :

    Lectures au passage

    Lectures au passage

    Lectures au passage

    Lectures au passage

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  • Lectures au passage

     


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  • Lectures au passageLectures au passage

     


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  • Grândola, vila morena (paroles et musique de José "Zeca" Afonso)

    Grândola, vila morena
    Terra da fraternidade
    O povo é quem mais ordena
    Dentro de ti, ó cidade

    Dentro de ti, ó cidade
    O povo é quem mais ordena
    Terra da fraternidade
    Grândola, vila morena

    Em cada esquina um amigo
    Em cada rosto igualdade
    Grândola, vila morena
    Terra da fraternidade

    Terra da fraternidade
    Grândola, vila morena
    Em cada rosto igualdade
    O povo é quem mais ordena

    À sombra duma azinheira
    Que já não sabia a idade
    Jurei ter por companheira
    Grândola a tua vontade

    Grândola a tua vontade
    Jurei ter por companheira
    À sombra duma azinheira
    Que já não sabia a idade


    Traduction en français :

    Grândola, ville brune
    Terre de fraternité
    Seul le peuple est souverain
    En ton sein, ô cité

    En ton sein, ô cité
    Seul le peuple est souverain
    Terre de fraternité
    Grândola, ville brune

    A chaque coin un ami
    Sur chaque visage, l’égalité
    Grândola, ville brune
    Terre de fraternité

    Terre de fraternité
    Grândola, ville brune
    Sur chaque visage, l’égalité
    Seul le peuple est souverain

    A l’ombre d’un chêne vert
    Dont je ne connaissais plus l'âge
    J’ai juré d’avoir pour compagne
    Grândola, ta volonté

    Grândola, ta volonté
    J’ai juré de l'avoir pour compagne
    A l’ombre d’un chêne vert
    Dont je ne connaissais plus l'âge

              (source : Wikipedia)

      


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  • Lectures au passage

     


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  • Masques mortuaires réalisés en cire par Marie Grosholtz future Madame Tussaud. Exposés à Londres. (lire dans Les Exagérés, p. 205-206)

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